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Festival littéraire

Chimères d’un soir d’été

Je pense terriblement à toi… à ce jour qui nous a comblés de joie et conduits au cœur de Nevers, duché aux cent clochers, gardien de mille trésors d’un passé éloigné. Comme s’il fuyait, le jour doucement déclinait, et assis l’un contre l’autre à la terrasse d’un café, nous observions l’animation de la rue. Les passants indifférents déambulaient, parfois l’air soucieux. Près de nous, de-ci de-là, des clients murmuraient… des secrets dévoilés… s’envolaient et nous berçaient tendrement.

 

Te souviens-tu de cette brise légère qui circulait entre les tables ? Son souffle chuchotait à nos oreilles toute l’histoire de Nevers, cité de nos ancêtres que nous n’avions pu connaître mais avions découverte ensemble. Il domine la vieille ville, resplendit de sa façade Renaissance encadrée de tourelles polygonales, et, majestueux, il surplombe les bords de la Loire. Depuis sa vaste esplanade bordée d’arbres en continu jusqu’aux remparts, les promeneurs bénéficient, à toute heure du jour, d’une vue panoramique exceptionnelle. Le temps s’était suspendu devant ce panel de couleurs aux reflets chatoyants que nous avions contemplé avec une intensité particulière, charmés par la nature et ses beautés.

 

Te souviens-tu de nos regards teintés de poésie, perdus dans le dédale des vieilles ruelles pavées du quartier où nous aimions flâner ? Les édifices, les monuments aux architectures ouvragées nous projetaient à travers les siècles : maisons aux pans de bois, hôtels particuliers aux portes d’antan, bâtisses seigneuriales, décorées d’un pigeon en faïence, enrubanné d’un "nœud vert" comme épi de faitage… et les cent clochers d’autrefois. Un autrefois toujours si présent.

 

Te souviens-tu de notre visite au musée de la faïence ? Nevers est depuis le XVIIe siècle la capitale française de la faïence, grâce au prince italien Louis de Gonzague, devenu duc de Nevers par son mariage avec Henriette de Clèves, et qui fit venir, au XVIe siècle, des artistes d’Italie.

 

Dans la douceur du crépuscule, enlacés et émus, nous avions marché, puis nous étions assis sur un banc, l’imagination exaltée. Des spectres mondains, voire royaux, apparus dans de somptueux apparats, sous nos regards rêveurs et émerveillés, dansaient, valsaient et tournoyaient sur les notes d’un gracieux menuet. Puis ils s’étaient évanouis après une majestueuse révérence très théâtrale.

 

Volée au temps jadis, cette journée sublime reste ancrée en mon cœur. C’était un été… presque hier, sous la tiédeur et la splendeur d’un ciel étoilé.

Chantal MILCENT©

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